Dans son édition du mardi, le 29 août dernier, le quotidien Le Devoir révélait que trois syndicats de professeurs de CEGEP entendaient distribuer cet automne une brochure de « sensibilisation politique » destinée aux étudiants, et ce avec l’assentiment des associations d’étudiants. Selon les propos d’un représentant syndical interrogé par ce quotidien, les objectifs poursuivis en publiant cette brochure est « l’éveil des consciences » et d’amener les étudiants à « réfléchir à certains enjeux fondamentaux » dont, chose curieuse, la loi 142 qui a imposé les conditions de travail aux employés de l’État.
Les syndicats se défendent bien de vouloir faire de la propagande. Mais sachant que la brochure contiendra des textes « alternatifs de gauche pour contrer les idées néolibérales », l’explication des syndicats concernés est cousue de fil blanc. Et tout ça financé indirectement par l’argent des contribuables puisque les coûts d’impression de cette brochure seront évidemment payés par les cotisations syndicales qui elles, chacun le sait, sont déductibles du revenu du syndiqué. Ne nous méprenons pas ! Le discours des représentants syndicaux vise à camoufler une réelle opération de propagande ou d’endoctrinement dans un contexte préélectoral par surcroît. Si on accepte la thèse des syndicats, le gouvernement Charest serait donc légitimé d’imprimer à son tour des milliers de brochures en contrepartie du discours syndical pour présenter ses réalisations sous un angle favorable !
Évidemment, il n’est pas question de nier aux syndicats un droit fondamental de notre démocratie : faire valoir leur point de vue. Mais pour ce faire, ils disposent notamment des médias traditionnels auxquels ils peuvent accorder des entrevues ainsi que de toute la panoplie de leurs moyens d'expression habituels qu'il savent si bien utiliser. Si les profs voulaient vraiment « éveiller les consciences » et susciter des débats, ce n’est certes pas en ne retenant qu’une façon de voir les choses, fût-elle « de gauche », qu’ils y parviendront. On serait en droit de s'attendre à ce qu'ils présentent aussi l’envers de la médaille, suscitent la réflexion des étudiants à partir des diverses facettes du phénomène discuté et les amènent à tirer leurs propres conclusions en ne tentant pas d’influencer ces jeunes par leurs propres opinions ! En d'autres mots, les profs doivent donner aux étudiants les outils nécessaires au développement d'une pensée critique au sens intellectuel du terme. Autrement, il se produit une confusion des rôles parce que le rôle du militant syndical prend alors le pas sur celui pour lequel on les paie. Cela m’apparaît totalement inacceptable.
jeudi 31 août 2006
QUAND LE MILITANT SYNDICAL PREND LA PLACE DU PROFESSEUR
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