mercredi 9 mai 2007

La démission forcée de Boiclair

André Boisclair a pris la meilleure décision dans les circonstances : démissionner de son poste de chef du Parti québécois. À la lumière des événements des derniers jours, il était clair qu’il était assis sur un siège éjectable et que ce n’était qu’une question de temps avant qu’on ne lui montre la porte de sortie. L’atmosphère était devenue insupportable pour lui; la pression à l’intérieur de l’autoclave était entretenue par des «purs et durs» qui continuaient à augmenter le feu de la cuisinière plutôt que de le réduire.

Encore une fois, le Parti québécois nous offre un de ces psychodrames dont lui seul a le secret. Les militants «purs et durs» préfèrent le déni, la fuite en avant, en se débarrassant du chef plutôt que de s’interroger sur les raisons profondes de leurs insuccès électoraux du 26 mars dernier.

Il semble clair, pourtant, que la souveraineté, telle que proposée actuellement par le PQ, n’est plus un objectif partagé par la majorité de la population québécoise. Ces militants préfèrent entretenir l’illusion d’être à la portée de la réalisation de leur rêve en se basant sur les résultats du référendum d’octobre 1995, convaincus qu’ils sont de n’être qu’à quelques milliers de voix de la Terre promise. C’est oublier que ces résultats sont largement dus à l’implication de Lucien Bouchard. N’eut été de la participation de ce personnage charismatique dans la campagne référendaire de 1995, il est plus que probable que le pourcentage de «Ouis» recueillis aurait été de beaucoup inférieur.

Il est souhaitable qu’il y ait une course au leadership dans les prochaines semaines plutôt qu’un couronnement. Pour employer un cliché, le Parti québécois se retrouve à la croisée des chemins. Il ne pourra certainement pas faire l’économie d’un débat d’idées. Les militants devront avoir le courage de remettre en question tout le programme, y compris l’article 1, sinon leur formation politique risque d’être reléguée pour bien longtemps au statut de tiers parti ou de carrément disparaître. Il est plus que temps qu’ils se rendent compte que nous ne sommes plus dans les années 1960 et que le Québec a fait des progrès considérables à l’intérieur même de la fédération canadienne; qu’ils modernisent leur discours et qu’ils reviennent sur Terre pour être en mesure de saisir les aspirations et les préoccupations réelles de l’électorat. En outre, sans nécessairement adopter un programme de droite, le PQ dispose tout de même de l’espace politique pour adapter sa social-démocratie au contexte actuel, de la moderniser pour la débarrasser de son image obsolète des années 1970 si chère aux vieux bonzes du parti.

C’est justement cette capacité de bien mesurer l’humeur de la population québécoise qui a tant fait défaut au Parti québécois lors de la dernière campagne électorale, ce qu’a si bien su faire Mario Dumont. Ce dernier a compris que les Québécois sont passés à autre chose et que la majorité des électeurs veulent s’extirper du sempiternel débat entre fédéralistes et souverainistes. Il est temps que le PQ réalise que la souveraineté n’est plus nécessairement la solution aux problèmes de la société québécoise du 21ième siècle.