dimanche 4 février 2007

DE LA NÉCESSITÉ DE CONSERVER LE SENS DES MOTS

Après quelques mois de silence, je reprends la plume (ou plutôt le clavier) en espérant cette fois pouvoir alimenter ce carnet plus régulièrement à l'avenir. Au cours de ces derniers mois, j'ai néanmoins continué de m'intéresser à l'actualité économique et politique.

Il est clair que la question nationale s'avérera l'enjeu crucial des prochaines élections provinciales au Québec. Sans nul doute, les discussions seront vives et animées entre les indépendantistes et les fédéralistes. Je souhaite que celles-ci soient empreintes de civisme de part et d'autre; que les individus sauront élever leur niveau de discussion en s'en tenant aux débats d'idées.

Bien qu'étant fédéraliste, je conçois parfaitement que des gens puissent avoir une vision différente de la mienne et souhaiter que le Québec devienne une nation indépendante. Cependant, à lire les propos de certains individus sur des forums indépendantistes, on s'aperçoit que le sens des mots ou le sens de la mesure ne veulent absolument rien dire pour eux.

Lorsqu'ils parlent de l'indépendance du Québec, ils évoquent les termes de liberté, de libération nationale, comme si le Québec était soumis à une dictature implacable. D'autres emploient la notion de goulag, rien de moins pour décrire le Canada ! Pourtant, les seuls faits que les indépendantistes puissent promouvoir leur idéal dans le cadre actuel du système politique canadien sans crainte d'être accusés de trahison (comme ne manquent pourtant pas de le faire une petite minorité d'indépendantistes extrémistes envers les fédéralistes francophones du Québec); qu'ils puissent faire élire des députés partisans de cette option politique au sein même du parlement fédéral, démontrent de façon éloquente qu'ils ont perdu le sens de la mesure en employant ces épithètes pour décrire le pays. Au contraire, le Canada, loin d'être une dictature ou un goulag, constitue plutôt une démocratie exemplaire à ce titre. Je ne prétends pas que le Canada soit parfait; loin s'en faut! Mais, je ne connais pas beaucoup de démocraties fédérales qui accepteraient que des députés séparatistes siègent au sein même du parlement fédéral.

À mon humble avis, la liberté d'un peuple repose tout d'abord sur celle des individus qui la composent. En ce sens, le respect des libertés individuelles préfigure celui des libertés collectives. Ici même, les exemples de lois québécoises qui restreignent nos libertés individuelles (ou qui limitent notre liberté de choisir au profit des libertés collectives) ne manquent pas. J'y reviendrai fort probablement dans un billet ultérieur.

Dans le contexte de la prochaine élection, le respect du sens et de la mesure des mots représente une condition sine qua non à la poursuite de tout débat d'idées. Sinon, toute argumentation avancée à l'appui de notre thèse risque de perdre sa crédibilité.

1 commentaire:

Hesperion a dit...

Une caractéristique de notre époque en est la terminologie que les gens emploient vidée de son sens et à tort et à travers.
C’est ainsi que les termes « engagement » , « message » arrivent dans la conversation mondaine qui ressemble à des disputes de casuistes incapable de suivre une idée . Rien de plus bizarre que ces promenades en pédalo sur des mers profondes par des intellos incultes qui se prennent pour des scaphandriers.
Jean Cocteau 2 août 1951